REFUSER LA MISERE
RSylvie, avec qui je corresponds maintenant régulièrement, m'a fait parvenir ce message:
Voici un message qu'a reçu COUMARINE il y a peu d'un participant régulier : Arthur Hidden:
Ce que j'apprécie par-dessus tout dans ce qui se passe dans PP c'est, au-travers tant des textes que des commentaires, la plongée dans l'humanité. C'est à mon avis l'essence de la littérature: parler de ce mystère qu'est l'humain.
Le mouvement international ATD Quart Monde lance une déclaration intitulée Refuser la misère, un chemin vers la paix.
Ce qui serait vraiment formidable ce serait de lancer un mouvement international d'écriture sur ce thème. Alors bien sûr j'ai pensé à Paroles Plurielles.Pourquoi ne pas consacrer une consigne à ce sujet à partir du texte de la déclaration, de photos? Le mouvement ATD Quart Monde, à la suite de son fondateur le père Joseph WRESINSKI a toujours considéré que le combat pour la culture était un des combats essentiels des plus pauvres. .... tu peux la signer si tu veux sur www.17oct.org . Cette déclaration doit être remise aux différentes autorités politiques et au secrétaire général des Nations Unies le 17 octobre 2007, journée mondiale du refus de la misère.
Mais je crois profondément que les mots, même ceux qui sont écrits par des personnes lambda comme nous, ont une puissante influence (l'effet battement d'ailes du papillon)
Alors oui, je vous propose de vous laisser "prendre" par une photo que m'a transmise Arthur. Non pas pour écrire un texte "moral" sur la pauvreté, mais pour écrire VOTRE texte à vous que vous inspire cette photo.
La pauvreté n'est pas uniquement physique, elle est aussi parfois dans le coeur des personnes.
Et pour vous compliquer la tâche (oui, vous savez que j'adooooooooore ça!), voici une phrase d'incipit "chipée" à Philipe Claudel, (auteur à lire de toute urgence) dans son livre J'abandonne" (dur dur) paru en collection folio
" Le samedi, c'est plus tranquille. Il y a moins de monde. (p56)
Bonne écriture à tous Coumarine
Et voici le texte qu'elle a composé.
En…vie, de théâtre ! (rsylvie)
« Le samedi, c’est plus tranquille. Il y a moins de monde »… " page 56 " !
C’est un code entre nous. Une fois, qu’avec le balais, j’ai frappé les 3 coups, sur le planché de la cabane qu’on a découverte parmi les friches du terrain vague Je dois lui répondre « page 56 ! ». Je sais pas pourquoi ! Mais, elle en a décidé ainsi !
Elle ? c’est Sophie, la chef du clan des Indomptables. Normal, c’est la plus âgée de la bande. En plus, elle habite au « village de toile » depuis longtemps… je me demande même, si elle n’y est pas née, tellement elle le connaît bien ?
C’est elle, qui nous a fait découvrir toutes les cachettes. Du trou de bombe laissé par la guerre en 45, aux galeries sombres et puantes qui mènent jusqu’aux tunnels de la mine de charbon. Ou, ceux qui conduisent aux égouts de la ville, avant de s’enfoncer dans les ronces et les fougères… Le tout, étant de ne pas s’y perdre!
Une fois, je me suis trompée de sens. Un soir ,qu’on jouait à cache-cache. Et bien, je peux vous dire que, je n’en menais pas large, avec tous les bruits étranges, qu’elles font ces putains de bestioles, qui courent partout « !
-« Je vous ai choquée Madame ? Pardon, mais il va falloir si faire, à vos bonnes manières. C’est sur, que l’école, on n’y a pas beaucoup mis les pieds »…
-« Mais alors, cette Sophie, comment je vais faire pour la trouver ? Vous n’avez pas une petite idée ? Parce que voyez vous, j’ai des comptes à rendre. Je dois noter les présences journalières ».
-« Madame, Sophie, elle doit être au campement, à garder ses 2 petits frères. Il faut bien que quelqu’un s’en occupe, pendant que sa mère cherche un boulot, en attendant le retour de son père »
.
On a tous suivi la nouvelle maîtresse…. C’était la première fois, qu’il y en avait une qui, voulait qu’on soit tous présents. Et puis, il ne fallait pas grand chose pour nous distraire des livres et des cahiers ! Imaginez vous ? Cela fait maintenant plus d’un an et demi que nous sommes à l’école buissonnière… Alors, une heure de plus ou de moins ?
C’est pas que l’on manque de bonne volonté ? Mais, les maîtres ne restent jamais bien longtemps. Paraît-il que nous sommes des cas sociaux !
On est arrivé, un peu craintifs. Parce que, la mère de Sophie, elle n’aime pas qu’on la dérange. Et puis, l’école, c’est pas son truc. Vu qu’elle a besoin « de sa Grande, pour ses p’tites affaires » !
Derrière la caravane, le chien aboyait. Sophie était peut-être à étendre le linge ? Personne.
La voisine a dit (au travers de sa fenêtre) que le Père était revenu ce matin. Et, qu‘elle avait entendu la Mère crier, quelle ne voulait plus le voir, jamais ! Quelle se débrouillerait bien sans lui et qu’il pouvait aller cuver son mauvais vin ailleurs… la Grande, elle s’est enfuit en courant par la-bas.
J’ai tout de suite compris. Sophie s’est réfugiée dans la cabane.
Alors, j’ai frappé les 3 coups….
Sophie, Elle a entendu ça un soir. Il y a bien longtemps. Quand il y avait du travail pour tout le monde. Et qu’ils habitaient dans les jolies maisons fleuries, de la cité minière. A l’époque, où le samedi, on passait à la télé « au théâtre ce soir » . Elle m’avait confié, qu’elle n’avait pas tout compris. « A 6 ans, tu peux pas tout savoir « ! que je lui avais répondu .
Elle avait reniflé, s’était essuyé le nez d’un revers de manche et m’avait décroché une vieille tape amicale dans le dos, en chantonnant « je suis tombée par terre, c’est la faute à Voltaire. Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. Je ne suis pas notaire, c’est la faute à Voltaire ? Je suis petit oiseau, c’est la faute à Rousseau » !
bonne journée à vous, par votre patience, une signature et vos comm. vous aussi, Refuser la misère et faites reculer la pauvreté intellectuelle... et pourquoi pas faire circuler ce message sur vos blogs ?
Son texte est vraiment magnifique.
Alors vous aussi, n'hésitez pas à refuser la misère et à aller signer la pétition.